TROP DE NORMES POUR LES ETABLISSEMENTS SCOLAIRES

Le bureau d'architecture Bogdan & Van Broeck se sent très concerné par l'actualité. “La construction va mal en Flandre", déclare d'entrée de jeu Leo Van Broeck. “On ne construit pas des écoles comme n'importe quel autre bâtiment." Le ton est donné.
UN HAVRE DE CONCERTATION


EXPLOSION EN FLANDRE
Parcellement
“Nous n'aimons pas bâtir une parcelle sur sa totalité", lance Leo Van Broeck d'un air décidé. Il est un personnage très franc, sans détours. “Et si un client nous demande de construire un logement sur une parcelle en dehors de notre région, il n'y a aucune chance que l'on accepte. Nous lui indiquerons la sortie sans hésiter. La Flandre a le pourcentage de surface bâtie le plus élevé d'Europe, et le temps d'embouteillage record par travailleur", explique-t-il. “Si la Flandre garde ce rythme de construction, 41,5% de la surface disponible sera bâtie d'ici 2050." Selon les chiffres de Bond Beter Leefmilieu, de Ruimte Vlaanderen et la KULeuven, la surface bâtie n'était que de 7,2% en 1976.
Résidentiel fragmenté

En 1960, on comptait encore quelque 230 usagers des trains; en 2000, ils n'étaient plus 150 millions. Leo Van Broeck ne s'en étonne pas. “Dans un cadre résidentiel aussi fragmenté, il n'est tout simplement pas économiquement possible de développer les réseaux de transports en commun. Pour nous, Al Gore a trop mis l'accent sur le réchauffement climatique, et non sur l'occupation des terres. Notre empreinte par rapport à ce dernier point est beaucoup trop importante. Certains qualifient la Flandre de 'ville diffuse', un concept de plus en plus utilisé. Cela implique que nous avons simplement à accepter les encombrements. Sans compter que la Flandre fragmentée est tout sauf une ville à proprement parler."
CONCEPTION
Ne pas dévaloriser l'espace

Dans le monde académique, c'est un message qui tourne en boucle depuis pas mal de temps, mais que l'on partage encore trop peu. Pour Bogdan & Van Broeck, l'architecture, c'est de l'urbanisme, tandis que l'urbanisme, c'est plutôt de la politique. Et c'est là que le bât blesse. “La politique urbaine s'améliore chaque année," reconnaît Leo Van Broeck, “mais toute la couche politique n'en a pas encore suffisamment conscience. Il y a encore trop de petites communes, ce qui implique que les bourgmestres de ces communes ne gagnent pas beaucoup. Et pour générer du profit, ils n'hésitent pas à raser une zone boisée pour y faire construire des appartements."
Sur mesure
Le bureau Bogdan & Van Broeck applique une politique de conception équivoque. “Nous travaillons sur mesure", s'entend-on dire. “Nous cherchons à donner un sens à chaque projet, en concertant nos collaborateurs. Nous balisons le projet pour lui apporter de la valeur ajoutée, au travers de l'approche et de solutions intelligentes", selon Leo Van Broeck.
CAMPUS UNESCO
'Scholen van Morgen'

Scholen van Morgen
Le programme 'Scholen van Morgen' est un partenariat public-privé entre AG Real Estate, BNP Paribas Fortis et les autorités flamandes. La société créée tout spécialement pour ce projet, DBFM Scholen van Morgen nv, s'occupe aussi bien de la conception (Design), que de la construction (Build), du financement (Finance) et de l'entretien durant trente ans (Maintenance) des bâtiments scolaires. Pendant cette période, la direction de l'école ne paie qu'une rente annuelle. A terme, l'école devient propriétaire de l'école sans frais supplémentaire. Scholen van Morgen réalise ainsi 165 projets, soit 200 établissements scolaires pour une superficie totale de 625.000 m² et pas moins de 125.000 élèves.
Densification
Quand on regarde le projet, on est de suite frappé par le maintien de lastructure de base du bâtiment. Un choix réfléchi et critique visant à soutenir au maximum la rénovation et à ne démolir qu'un minimum de bâtiments. L'école s'agrandit avec l'ajout de nouveaux bâtiments, même si la répartition du site se montre plus compacte. Leo Van Broeck ne parle d'ailleurs pas d'agrandissement, mais de 'densification': “Nous veillons à ce que l'ensemble reste compact."
Vert
Avec l'ajout de nouveaux bâtiments, l'école est non seulement plus compacte, mais conserve également plus de place pour l'aménagement de zones vertes. “L'inclinaison du terrain était l'un des principaux défis. Pour y remédier, nous avons intégré une ossature en béton dans le sol pour relever les bords. Cela permet une meilleure circulation en interne." Le campus existant est par ailleurs entouré de bordures arborées, valorisées par une immense ceinture verte dans le nouveau projet. Les arbres existants seront préservés au maximum, et de nouveaux arbres et buissons seront plantés selon le projet de des architectes paysagistes du bureau LAND. L'école dispose également d'un grand jardin calme. Pour délimiter le domaines, une clôture sera intégrée dans la ceinture verte tout autour de l'école. Les accès seront limités à deux entrées principales clairement visibles: une sur la Frans Gasthuislaan et l'autre sur la Basilieklaan.
TROP DE NORMES
Leo Van Broeck a également un avis bien tranché en ce qui concerne la construction d'écoles. “Les normes manquent clairement de flexibilité," explique-t-il, “les bâtiments scolaires sont soumis à beaucoup trop de normes. Ces normes sont contre-productives, et créent un sentiment de stress permanent. Vous n'avez pas intérêt à vous tromper." Et introduire des solutions de construction différentes s'avère donc très compliqué. Il existe plusieurs modèles didactiques, mais les budgets pour les concrétiser ne sont pas tout suffisants. A la demande de solutions plus économiques en terme d'énergie dans le cadre du programme Scholen van Morgen, Leo Van Broeck répondait: “Bien sûr, mais rien de mieux que ce qui est prévu par la loi. Le client ne s'intéresse pas à des économies d'énergie au-delà des exigences légales. Comme l'utilisateur qui paiera la facture d'énergie plus tard et l'investisseur sont deux personnes différentes, on limite l'investissement au minimum."