Parapluies en bambou comme paysage de toiture rythmique
Des matériaux locaux pour un espace extérieur collectif
sur un campus en Inde





Sur le terrain du campus TAPMI à Manipal, dans le sud de l'Inde, le nouveau Centre pour le développement durable constitue une interprétation contemporaine du pavillon universitaire. Les 11 parapluies élancés en bambou attirent l'attention : il s'agit de grandes structures ouvertes sur le toit qui combinent ombre, abri et geste spatial fort.
Ces structures architecturales s'étendent sur le niveau du sol en terrasse devant le bâtiment et sont plus que de simples éléments d'abri : elles définissent un espace social où l'apprentissage, la rencontre et la construction adaptée au climat se rejoignent. Inspirés des chhatris indiens traditionnels - des pavillons qui procurent de l'ombre et de la tranquillité - les parasols sont utilisés comme une interface contemporaine entre le bâtiment et le paysage. Leur positionnement, à différentes hauteurs et avec de subtils décalages, crée un jeu de lumière et de rythme qui transforme le site en une sorte d'intérieur public.
Construction avec des ressources locales
Les parapluies sont construits à partir de matériaux légers et durables, en mettant l'accent sur la disponibilité et l'artisanat locaux. L'utilisation de bambous coupés à la main, particulièrement adaptés au climat indien grâce à leur grande résistance à la traction et à leur flexibilité, est essentielle. La structure porteuse est composée de trois éléments principaux :
- une colonne centrale en acier ancrée dans le niveau de la terrasse en béton,
- un réseau radial de nervures en bambou reliées à un anneau d'acier au sommet de la colonne,
- une surface de toit inclinée en tôles métalliques, légères et adaptées à un drainage efficace de l'eau de pluie.
L'évacuation de l'eau de pluie est intégralement co-conçue, avec des tuyaux cachés dans les colonnes. Cela permet de conserver une silhouette nette et confère au parapluie une qualité presque sculpturale. Chaque unité est fabriquée sur mesure et assemblée en collaboration avec des artisans locaux, ce qui contribue à l'ancrage culturel du projet.
Entre bâtiment et paysage
Ce qui rend ces structures si puissantes, c'est leur double rôle. D'une part, elles fonctionnent comme des filtres climatiques : elles tempèrent le soleil et la pluie, permettant à l'espace extérieur en gradins de rester utilisable même pendant les moussons. D'autre part, elles activent l'espace sur le plan social. Les étudiants utilisent la terrasse comme une extension des salles de classe : pour étudier, débattre ou simplement se détendre. Les parasols confèrent à cet espace ouvert une certaine intimité sans le couper de son environnement. Ils ne couvrent pas un espace défini, mais créent un réseau ouvert où le mouvement, le repos et la rencontre se confondent.
L'architecture en tant que geste et processus
Le choix du bambou n'est pas seulement motivé par des raisons écologiques, mais reflète également une attitude : construire avec ce qui est là, en dialogue avec le lieu et le climat. La structure légère et démontable permet une adaptation ou une réutilisation ultérieure. De plus, le rythme des parapluies invite à les répéter ailleurs sur le campus - en tant que module, en tant qu'idée, en tant qu'invitation à la communion. Il s'agit d'une architecture qui ne se contente pas de façonner un lieu, mais qui déploie également un processus : de production locale, d'utilisation partagée et de pensée circulaire. À Manipal, le centre TAPMI montre comment une série de toits légers peut porter un héritage plus lourd - celui de la connectivité, de la durabilité et de la générosité spatiale.