Erreurs de construction dans l'installation d'ETICS

Analyse critique de quatre cas

Certains entrepreneurs font vraiment n'importe quoi, comme en témoignent certains des cas - et des photos - que le conseiller technique Koen Heymans, expert en construction et expert juridique, a récemment rendus publics lors d'une interview sur les erreurs les plus courantes commises lors de l'installation d'un système ETICS. Il s'avère que bon nombre de ces erreurs sont dues à un manque de connaissances de base et de compétences techniques générales.

Repérer les erreurs de construction est une expertise

Avec plus de 20 ans d'expérience dans la construction, la rénovation et la restauration de bâtiments, Koen Heymans n'est pas un nouveau venu dans le secteur. Ingénieur, il effectue également des missions de conseiller technique depuis 2013, est reconnu comme VIK-Ingénieur-Expert®, membre de la Chambre belge des experts KGSO-CEJA et de la Chambre d'arbitrage des experts AKD-CAE.

"Les erreurs de construction sont généralement dues à un manque de connaissances de base. Dans le cas des ETICS, il suffit d'une erreur à la base pour ruiner toute une façade." Plus loin dans l'article, il apparaît clairement qu'une erreur dans l'installation d'un système ETICS ne vient presque jamais seule.

"L'incompétence est un problème majeur dans le secteur de la construction, alors que les entrepreneurs disposent en principe de tous les outils nécessaires pour réaliser un travail à la perfection. La NIT 257, par exemple, décrit parfaitement la mise en oeuvre des ETICS, du début à la fin.

"Les recommandations des NIT pertinentes de Buildwise, qui devraient être considérées comme des connaissances de base pour tout plâtrier/entrepreneur, sont souvent ignorées allègrement"

Heymans traite une centaine de dossiers de construction par an. Bien que les erreurs dans l'installation de ces systèmes d'isolation de façade soient tout à fait exceptionnelles, les conséquences ne doivent pas être sous-estimées.

ETICS: une petite mise à jour

Les 'systèmes composites d'isolation thermique par l'extérieur avec enduit', ou ETICS en abrégé, peuvent être librement traduits par 'systèmes d'isolation des murs extérieurs avec enduit'. Ces systèmes d'isolation sont proposés par chaque fabricant d'ETICS en tant que système fermé. Cela signifie qu'ils font l'objet d'une déclaration d'aptitude à l'emploi (comme un agrément technique), qui stipule que le système d'isolation installé doit être composé des éléments décrits par le fabricant. "Dans la pratique, on n'utilise pas toujours des systèmes fermés. Si vous voulez jouer la carte de la sécurité, il est important de vous y conformer en tant qu'entrepreneur ou plâtrier", explique Heymans.

Un système ETICS se compose, en standard, des éléments suivants:

• Isolation thermique.
• Fixations (adhésives et/ou mécaniques).
• Profilés (profilés de départ, d'angle et de finition).
• Plâtrage.

Besoin d'un rappel un peu plus approfondi? Consultez le dossier "ETICS: obstacles et points d'attention".

Une erreur à la base provoque souvent un effet boule de neige

"Si je découvre une erreur à la base, cela ne s'arrête souvent pas là."

Tous les dossiers ne finissent pas devant les tribunaux et, dans de nombreux cas, il n'est pas possible d'invoquer la responsabilité décennale de l'entrepreneur. "Cette responsabilité s'applique en cas de défauts structurels ou lorsque la stabilité de l'ensemble du système de façade est compromise. Il est souvent difficile de le prouver avec les ETICS."

"Dans le cadre d'un projet, toute l'isolation a dû être enlevée et réinstallée. Le coût de la réparation s'est élevé à environ 20.000 euros, sans compter le coût de la finition plâtrée"

Étude de cas n° 1: défauts en cascade

Le premier cas que Heymans nous présente est d'emblée un gros dossier. Il ne concerne pas un défaut de construction, mais plutôt une accumulation de mauvais choix, qui ont conduit à une estimation des dégâts à plus de 20.000 €. "Profilés de socle et panneaux d'isolation mal placés, collage insuffisant des panneaux d'isolation, chevilles mal placées, etc. "Tout le système de façade a dû être démonté", explique Heymans.

Défaut de construction (photo 1)

Comme toujours, une bonne installation commence par les bases. "Si la base n'est pas correcte, je peux être sûr que d'autres défauts apparaîtront", déclare Heymans. La photo 1 révèle plus d'un 'défaut de construction'. L'œil averti voit immédiatement que le panneau d'isolation a été placé à l'envers. Le côté qui est collé ou fixé avec une cheville au mur porteur se trouve à l'extérieur. Cela peut avoir un impact sur la finition avec de l'enduit."

Aujourd'hui, les fabricants ne proposent généralement que des panneaux isolants dont les faces avant et arrière sont identiques, ce qui rend toute erreur impossible.

La deuxième chose que l'on remarque sur la photo 1, c'est que le panneau isolant est flottant. "Il faut toujours commencer par placer l'isolation de socle, c'est-à-dire l'isolation au niveau de la plinthe. Il faut ensuite installer le profilé de départ auquel se raccordent les panneaux d'isolation du système ETICS." Dans ce cas-ci, il est très difficile de placer correctement les panneaux d'isolation contre le profilé de départ. "Le risque de créer un gigantesque pont thermique est très élevé."

Raccordement défectueux des panneaux isolants (photo 2)

Le mètre pliant glissé entre les deux panneaux isolants en dit long. Heymans: "L'espace entre les panneaux isolants est le résultat d'une mauvaise pose et d'un mauvais collage. Ici, pour masquer l'erreur et éviter autant que possible les ponts thermiques, l'entrepreneur a essayé de remplir l'espace entre les panneaux avec de la mousse PUR. On voit un peu de PUR dépasser du joint, mais c'est insuffisant pour combler complètement l'espace."

"Les panneaux à rainure et languette sont faciles à poser et s'emboîtent toujours parfaitement. Cette situation témoigne d'une incompétence et de chipotage", a déclaré Heymans. "Il est clair que cet entrepreneur n'a aucune notion de ce qui est décrit dans la NIT 257 et dans l'ATG (agrément technique) des panneaux d'isolation.

Un patchwork d'erreurs (photo 3)

Cela ressemble à une plaisanterie, mais personne n'a envie de rire, surtout pas le client et l'expert. "Il n'y a pas eu de plan, les chevilles de fixation ont été placées au hasard, les règles relatives au rayon de concentration des contraintes ont été ignorées."

Lors de la construction d'un système ETICS, l'objectif est de placer le moins possible de panneaux isolants et de créer un minimum de joints. Cela signifie qu'un plan doit être établi avec une sorte de 'motif de pose'. Ici, le positionnement est loin d'être uniforme. De plus, dans cet exemple, le risque de fissuration est réel car les joints entre les panneaux d'isolation se trouvent dans des zones de concentration des contraintes. En l'occurrence, à partir du coin supérieur gauche de la fenêtre.

"Pour travailler dans les règles de l'art, l'entrepreneur aurait dû poser un panneau à cet endroit où un angle a été posé (panneau en L). Si ce mur est plâtré, comme il l'est actuellement, il y a de fortes chances qu'une ou plusieurs fissures apparaissent à terme. Dans ce cas, les infiltrations d'eau sont inévitables et le gel peut également faire beaucoup de dégâts."

Exposition aux 'éléments' (photo 4)

Une fois les panneaux isolants posés, il est important de les parachever avec du plâtre le plus rapidement possible. Si l'on ne le fait pas dans un certain délai, le risque de dégradation est élevé. "Dans ce cas, la façade a été exposée trop longtemps aux UV, à la pluie et au vent. De plus, des oiseaux ont piqué dans les panneaux, ce qui a immédiatement provoqué des trous dans le matériau."

Est-il encore possible d'y remédier? "On pourrait poncer les plaques", dit Heymans, "mais même dans ce cas, une finition parfaite semble quasi-impossible."

Étude de cas n° 2: toit plat avec extension

La deuxième étude de cas témoigne également d'une série de mauvaises décisions. Celles-ci ont conduit à une finition qui ne répondait pas aux exigences esthétiques du client.

Le mur s'effrite lentement (photo 5)

La photo 5 montre deux plots pour des dalles de terrasse sur un toit plat. "L'isolation est ici appliquée directement sur l'étanchéité du toit. On ne voit aucun profilé de départ, de sorte que l'isolation a littéralement les 'pieds' dans l'eau."

Les dalles sont également trop proches du mur, ce qui facilite l'accumulation de saletés et rend plus difficile l'évacuation de l'humidité. Résultat? "Le mur absorbe l'humidité et s'effrite.

Treillis d'armature contre le panneau d'isolation (photo 6)

Le positionnement correct du treillis d'armature (orange) dans la couche d'armature d'un système d'isolation de façade extérieure est fondamental pour la fiabilité structurelle et la durée de vie du système d'isolation de façade. C'est le seul moyen de prévenir les dommages causés par la fissuration ou le décollement des finitions. Au cours de son inspection,  Heymans a découvert que le treillis d'armature n'avait pas été placé correctement. "La couche de treillis était trop proche de l'isolation, au lieu d'être correctement noyée dans la moitié supérieure de l'enduit de base (gris)".

"Le treillis d'armature a probablement été placé contre les panneaux d'isolation, puis recouvert de plâtre. Il est trop enfoncé dans le plâtre et ne peut donc pas remplir la fonction pour laquelle il a été conçu." Les fissures peuvent apparaître au niveau des encoches, des ouvertures de fenêtres et d'autres zones sensibles. Au début, ces fissures ne sont visibles que dans la finition, mais avec le temps, elles peuvent se manifester davantage."

Le degré de finition laisse à désirer (photo 7)

Dans cet exemple (photo 7), bien que les chevilles de fixation aient été placées selon un schéma, elles n'ont pas été suffisamment intégrées dans les panneaux d'isolation sur le plan thermique. Par conséquent, l'enduit réagit différemment à l'endroit où se trouvent les chevilles, ce qui entraîne des différences de couleur. Les taches blanches sont la meilleure preuve qu'une erreur s'est produite lors de la mise en place des chevilles.

"Nous ne pouvons pas déterminer exactement comment ce système de façade a été construit, mais il y a plusieurs facteurs qui pourraient avoir causé la décoloration. Il est possible qu'une méthode incorrecte ait été utilisée pour installer les chevilles, qu'on ait utilisé de mauvaises chevilles ou que quelque chose d'autre se soit produit qui ait fait réagir l'enduit aux chevilles."

Selon Heymans, l'application d'une couche de finition supplémentaire n'est pas envisageable.

Étude de cas n° 3: mauvais profilés et mauvaise finition

On pourrait croire qu'il s'agit de solutions de bricolage, mais l'installation défectueuse ci-dessous est également l'œuvre d'un 'entrepreneur/plâtrier'. Outre une façade qui invite les nuisibles, l'entrepreneur s'est clairement trompé en installant des ETICS à proximité d'une fenêtre, ce qui risque de provoquer des fissures à l'avenir.

Profilé d'angle au lieu d'un profilé de départ au niveau de la finition ETICS sur une bordure de toit (photo 8)

L'illustration montre la bordure de toit d'un bâtiment avec une construction ETICS. Au lieu d'un profilé de départ correct, on a opté ici pour un profilé d'angle avec treillis d'armature. Ce profilé est conçu pour être enduit dans les raccords verticaux ou les raccords d'angle, et non pour servir de point de départ à un système ETICS.

"Dans ce cas, le bas du système est ouvert, ce qui permet aux nuisibles d'accéder librement à l'isolation. Les conséquences sont structurelles: les souris ou les rats peuvent créer des couloirs et des nids, ce qui entraîne la dégradation de l'ensemble du système ETICS.

Le profilé d'angle installé est conçu pour la finition plâtrée, et non pour le soutien structurel ou l'étanchéité.

Mise en œuvre incorrecte au-dessus de la fenêtre (photo 9)

Cette photo montre que l'entrepreneur a commis une erreur courante lors de la finition de l'ETICS autour d'une ouverture de fenêtre. La combinaison de panneaux en L manquants, de profilés d'angle continus et d'une finition de stuc bâclée indique une cascade d'erreurs.

"Ce que nous voyons, c'est un panneau isolant séparé au-dessus de la fenêtre au lieu d'un panneau isolant découpé (panneau en L) chevauchant l'angle supérieur de l'ouverture de la fenêtre. L'utilisation de pièces d'isolation séparées au-dessus des fenêtres est irresponsable, augmente la sensibilité aux contraintes et entraîne des fissures au fil du temps."

Étude de cas n° 4: mauvaise construction de la plinthe et raccordement avec l'ETICS erroné (photo 10)

La dernière 'mauvaise pratique' (photo 10) montre la transition entre une façade avec enduit décoratif (système ETICS) et un revêtement de socle (plinthe) en pierre naturelle, au niveau du sol. Il n'y a pas de bord ou de profilé d'écoulement d'eau évident entre ces matériaux. Au contraire, l'enduit se termine au sommet de la plinthe, sans saillie ni surplomb.

L'erreur d'exécution, à savoir l'absence d'un profilé de plinthe débordant au niveau du raccordement de l'ETICS à la plinthe, est contraire aux règles de l'art et peut entraîner des dégâts dus à l'humidité et une dégradation accélérée de l'ETICS. "Il est essentiel d'effectuer le raccordement correctement avec un profilé de départ approprié pour garantir la durabilité du système ETICS."

En résumé, les cinq points problématiques structurels avec les ETICS sont les suivants:

* Démarrage incorrect et base d'isolation instable
* Connaissance insuffisante de la construction technique (ATG et NIT 257)
* Application incorrecte des matériaux
* Pas de contrôle de qualité, possibilité de dommages différés
* Pas de système fermé, donc pas de garantie du produit