“LA BEAUTE EST AUSSI UN ASPECT DE LA DURABILITE POUR LES BUREAUX”

ARCHITECTESASSOC UTILISE LA METAPHORE D'UN ARBRE

Le bureau d’architecture architectesassoc se présente comme une cellule de réflexion collective, dont Bruxelles est le champ d’action. A l’aide de quelques projets de bureaux inspirants, Sabine Leribaux esquisse leur vision d’une architecture contextuelle, de la durabilité et de la construction passive.

 

"L'ARCHITECTURE DE PROMOTEURS N'EST PAS PAR DEFINITION SANS AME"

Le bureau d’architecture est spécialisé dans les bureaux et les immeubles d’appartements mais cette classification est tout de même un peu trop rigide pour les réduire à cela. Le bureau bruxellois combat avec force l’idée selon laquelle l’architecture de promoteurs serait par définition sans âme et le démontre dans ses nombreux projets. Son riche portefeuille prouve, du reste, qu’architectesassoc en a beaucoup dans le ventre. architectesassoc a ainsi réalisé le Théâtre National de Wallonie-Bruxelles, auquel L’Escaut (le bureau de l’ancien Maître Architecte de la Région de Bruxelles Olivier Bastin) et L'Atelier Gigogne sc ont aussi collaboré. Le Théâtre National s’ancre et se fond dans le contexte urbain. Le projet a d’ailleurs été nominé en 2005 pour le Prix Belge pour l’Architecture & l’Energie.

Le bureau d’architecture vise toujours un réflexe d’architecture sain tenant compte de l’être humain et de son contexte. La plupart des réalisations se situent dans la Région de Bruxelles. Sabine Leribaux: “Au fil des ans, nous avons acquis une solide expertise en matière de connaissance territoriale. Nous maîtrisons les tracasseries et la complexité administratives propres à la région bruxelloise. Nous avons notre propre spécificité et nous mouvons dans cette niche bien précise.”

 

COHERENCE ET GLOBALITE

Le bureau pose certes des exigences strictes au niveau de l’approche mais l’équipe sent un équilibre sain entre vie et travail. “Le travail exige une grande intensité”, explique Sabine Leribaux. “Justement parce qu’il faut tout voir. Cela vaut pour chaque bâtiment et donc aussi pour les immeubles de bureaux. Si vous passez trop rapidement dessus, vous manquez des choses.”

L’architecte utilise la métaphore de l’arbre: toutes les petites feuilles doivent ensemble aboutir à un arbre. Elle parle volontiers ici de gros plan et de plan large. “Avec un plan large, vous voyez l’arbre dans sa totalité. On peut dire pareil pour un bâtiment: qu’en est-il de la cohérence et de la globalité? Lorsque vous concevez par ex. un bureau, toutes ces ‘petites’ choses sont importantes. Fait-il bon travailler à l’intérieur? Quelle est la vue? Quid de la qualité de l’air?… Des paramètres en zoom in contribuant à déterminer la globalité et la cohérence en zoom out.

Pour chaque projet, nous nous posons aussi deux questions d’une certaine importance: ‘Quelle doit être l’identité du projet aujourd’hui?’ – une question liée à l’historicité – et ‘Laquelle proposer pour demain?’. Nous pensons donc au présent et au futur.

Dans notre recherche de conception, chaque ligne est importante. Nous la plaçons sous le signe du contextuel et de l’identité. Avec une seule ligne, vous créez un impact sur le vécu des gens: une ligne peut ouvrir ou fermer un espace”, explique Leribaux.

 

APPROCHE QUALITATIVE

L’effectif plutôt modeste mais clair et flexible du bureau – une quinzaine de personnes – permet largement cette approche de l’architecture. Accessibilité, réactivité et oreille attentive préparent le terrain pour un résultat final encore meilleur. Et dans son mission statement, le bureau d’architecture insiste sur des facettes entrant en ligne de compte dans l’histoire de la conception comme le contexte social, politique, économique, urbain, culturel et temporel. “Comme nous sommes un bureau de taille gérable, il n’y a pas de coûts inutiles et nous pouvons mettre les points sur les i de manière réfléchie et motivée.” Les projets doivent être vus et discutés avant de passer la porte.

L’approche qualitative va de pair avec une structure de travail ouverte du bureau. L’équipe travaille dans un grand espace unique. “Et pour certains projets, de petits groupes de concertation se forment. Les idées fusent de toutes parts, l’ouverture garantit un échange de connaissances parfait. Et cela incite à repousser ses limites.”

 

PLUS GRAND BUREAU PASSIF DE BELGIQUE

“L’utilisation de certains matériaux est importante pour nous car elle renforce l’identité. Les matériaux forment aussi les feuilles de l’arbre métaphorique. Cela ne se limite pas aux émissions de CO2. Il y a, comme je l’ai dit, toujours le contexte et la cohérence … et bien sûr la beauté.”

Aeropolis II

“L’immeuble de bureaux Aeropolis II était lors de sa conception le premier grand bureau passif du Benelux. Ce qui est toutefois encore bien plus important à mes yeux, c’est que nous avons utilisé des techniques novatrices pour le confort et le bien-être des gens travaillant dans ces bureaux.” Pour la conception intégrale de ce bâtiment, Cenergie et architectesassoc ont mis l’accent sur l’utilisation maximale de techniques passives low-tech, pour le chauffage comme le refroidissement. Le concept basse énergie a été perfectionné en concept passif, ce qui ne s’est finalement pas avéré beaucoup plus coûteux.

La façade d’Aeropolis II est composée d’éléments de façade préfabriqués en construction à ossature bois qui ont été placés contre la structure en béton. Deux types de cadres en bois ont été réalisés pour cela: ils encadrent soit une épaisse couche d’isolation entre deux panneaux en bois, soit le triple vitrage. L’atout majeur de cette méthode de construction est le montage rapide sur le chantier.

Rue de la Loi 227

La rénovation de l’immeuble de bureaux au 227 de la rue de la Loi s’est déroulée de façon similaire. L’ancienne façade a été retirée et une nouvelle coque en bois a été posée en à peine une semaine. Cette transplantation s’est, elle aussi, passée sans accrocs.

“Le nombre de fenêtres d’Aeropolis II a été fortement réduit afin de limiter les pertes de chaleur. La fluidité intérieure-extérieure comme les techniques respectueuses confèrent à ce bâtiment son identité. L’énergie consommée par les bâtiments (résidentiels et non résidentiels) représente à Bruxelles plus de 60% des émissions de CO2. Ce n’est bon ni pour notre bien-être, ni pour notre planète. Il est logique que nous prenions nos responsabilités. Mais la technique ne suffit cependant pas. La beauté constitue aussi un aspect de la durabilité.”

 

GREENBIZZ

La volonté de sortir des sentiers battus s’avère payante pour le bureau architectesassoc. En 2007, il a décroché avec le bâtiment Belmont Court dans la rue Belliard le prestigieux MIPIM Award dans la catégorie des immeubles de bureaux rénovés. Le projet Greenbizz, qui a également atteint la finale en 2017 mais a finalement manqué un MIPIM Award de peu, n’est pas moins remarquable.

Pour ce projet, l’équipe de conception a imaginé un concept intelligent. Le bâtiment de deux étages est établi sur un ancien terrain inoccupé de Belgacom dans la rue Dieudonné Lefèvre. Des ateliers (5.000 m²) sont prévus au rez-de-chaussée, et au premier étage des bureaux pour les incubateurs (2.500 m²). Une place publique relie le canal et le futur quartier durable.

Rues intérieures

Deux rues intérieures traversent le long bâtiment pour le passage de véhicules légers et semi-lourds (voitures et camionnettes). Les gabarits bas laisseront aussi entrer la lumière dans les logements qui se trouveront juste derrière. Les grands espaces seront adaptés à des activités comme par ex. la recherche et le développement de produits pour le secteur de l’éco-construction, l’énergie renouvelable ou des produits écologiques. Au-dessus, on retrouvera les projets des incubateurs. Différents modules accueillent les start-ups cherchant un soutien pour développer leur concept novateur.

Ce bâtiment contemporain est surmonté d’une toiture verte. L’étage de l’incubateurs est passif et même neutre en énergie pour l’électricité grâce aux panneaux solaires. Les ateliers ont une très faible consommation d’énergie. Le bois est l’un des matériaux de base du bâtiment, avec un revêtement de façade en métal limité au premier étage.

L’architecte Sabine Leribaux souligne qu’il y a également un espace commun ouvert au quartier, qui n’était pas prévu initialement. Cela prouve une fois de plus que le bureau d’architecture applique son mission statement de manière cohérente et accorde, dans le cadre de ses projets, une attention particulière aux aspects humains.

 

 

HD54: VISION CIRCULAIRE

Le projet HD54 (Herrmann-Debroux) est un fleuron récent de la maison. La rénovation de l’immeuble de bureaux HD54 dans la commune bruxelloise d’Auderghem illustre la vision bien structurée d’architectesassoc, dont l’ambition consiste à viser une architecture moderne, cohérente et harmonieuse avec une empreinte écologique la plus réduite possible.

architectesassoc a alors élaboré un projet de 9.170 m² en surface mettant l’accent sur l’intégration harmonieuse dans le contexte bâti et non bâti actuel. Les larges volumes sont agencés différemment, créant ainsi une succession d’agréables terrasses avec vue sur la Forêt de Soignes voisine. L’avant est caractérisé par une partie en duplex rehaussée et les briques originales cèdent la place à une coque préfabriquée en bois très performante revêtue d’une élégante mosaïque de verre.

Fidèle à son approche avant-gardiste, architectesassoc souhaitait aller le plus loin possible sur le plan écologique avec ce projet. Outre une certification BREEAM proche d’'excellent' et un excellent rendement énergétique, le projet HD54 applique également les principes de l’économie circulaire. Le vitrage existant sera ainsi presque entièrement réutilisé pour la construction d’une gigantesque serre, les briques de l’ancien bâtiment seront utilisées pour les murets du jardin et les cloisons intermédiaires et autres éléments de finition auront droit, eux aussi, à une nouvelle affectation.